Selon la loi du 17 janvier 2001 qui régit l’archéologie préventive, des diagnostics doivent être organisées au préalable à l’aménagement ou développement de l’urbanisme d’une ville.
Ainsi, le projet d’agrandissement de la future salle de spectacle seclinoise, rue Jean-Jaurès à Seclin, n’a pas dérogé à cette règle. Et c’est tant mieux !
Depuis avril 2022, encadrée par Guillaume LASSAUNIERE, l’équipe d’archéologues seclinois s’est donnée du cœur à l’ouvrage en ouvrant les entrailles du sol lors d’un chantier archéologique préventif. Leur patience, en lien avec leur curiosité jamais assouvie, les a amenés à creuser de couche en couche partant de découvertes dès un mètre vingt jusqu’à plus de trois mètres de profondeur. L’étonnante surprise trouvée sous les pieds du seclinois lambda qui s’y promène quotidiennement, mérite de s’y pencher avec plus d’avidité.
Rappelons ici un peu d’histoire de ce quartier au centre de la ville où la légende de saint Piat en a édifiée l’église devenue collégiale par le collège de chanoines y ayant vécu durant plus de treize siècles. La crypte du dixième siècle classe d’ailleurs l’édifice de doyenne de la MEL.
Au IVème siècle, Seclin est un vicus regroupant essentiellement des établissements à vocation agricole en bordure de la voie romaine Arras-Tournai. Au début du Vème siècle des colons germains s’installent à Seclin à l’emplacement des sites occupés par les indigènes gallo-romains. La présence de chrétiens à Seclin au cours de l’antiquité tardive n’est donc pas impossible. Au VIIème siècle, « Éloi », conseiller de Dagobert Ier et évêque de Noyon-Tournai, fit ériger un mausolée sur l’emplacement de la sépulture du martyre et rassembla probablement une première communauté qui serait à l’origine de la collégiale de Seclin.
Sous le premier Moyen Âge, dernier quart Vème-XIème siècle, durant les périodes mérovingiennes et carolingiennes, le quartier se crée sur la genèse du sanctuaire chrétien et du quartier canonial. Au-dessus de la crypte, l’église est bâtie sur des plans romans dès le Xème siècle. Se trouvaient alors le cimetière paroissial à l’ouest et le cloitre au sud de l’édifice
Ce qui est épatant, maintenant que l’on connait un peu l’histoire, est que le chantier a révélé des sépultures mérovingiennes enfouies au sud de l’édifice. Soit entre les années 450 et 620 et avant l’aménagement du mausolée.
Fait remarquable !
A en voir d’ailleurs l’expression réjouie de Guillaume
LASSAUNIÈRE qui n’aurait jamais soupçonné trouver de telles sépultures à trois mètres de profondeur sur ce périmètre de 25m2.
Serait-ce alors des tombes isolées ?
Il faudrait creuser plus en amont du lieu pour y répondre. En attendant ce possible, nos archéologues creuseront plutôt leurs méninges érudites pour essayer de comprendre l’origine de ces insolites ossements d’enfants ou de jeunes adultes
parfaitement préservés depuis plus de quinze siècles !
C’est là tout l’intérêt de la profession d’archéologue : Creuser nos mémoires dans la glaise. Tout ce qui représente l’histoire de notre patrimoine. Bravo à eux !
Merci à Guillaume LASSAUNIÈRE de son aide dans la rédaction de cet article.
Sophie CHICHE – Guide conférencière – Office de tourisme de Seclin.