C’est en 1895 que deux industriels, Théodore VIENNE et Maurice PÈREZ édifient, à Roubaix, un vélodrome à proximité du parc Barbieux, lieu très prisé à l’époque par les sportifs.
Ils ont alors l’idée d’inaugurer une course de « mise en bouche » avant celle du « Paris-Bordeaux » qui a lieu à la fin du mois de mai. Une belle occasion de promouvoir le tout beau, tout neuf vélodrome. C’est donc le dimanche 19 avril 1896 que 51 coureurs se présentent sur la ligne de départ au bois de Boulogne à Paris.
Le règlement de la course est simple :
1 000 francs au vainqueur pour un temps maximal de 30 heures de course en terminant par six tours de piste sur le vélodrome. Chaque coureur ayant interdiction d'abandonner sa machine en marche sous peine de disqualification. Il est donc impossible de changer de vélo, dont la performance est bien loin des bolides d’aujourd'hui !
C’est Joseph FISHER qui arrivera le premier après 9 heures de course sur 280km dont, à l’époque un passage par Seclin, au 254éme kilomètre.
La course prendra ensuite plusieurs lieux de départ pour se fixer, depuis 1968, à Compiègne sur un parcours de 250km.
Sa réputation s’est faite surtout sur les secteurs pavés du Nord que les coureurs devaient endurer tout en assurant une vitesse de pointe. Les superlatifs tels que « La dure des dures » ou « La reine des classiques » sont paraphés par les journalistes sportifs dont le plus fidèle journal de l’époque « Le Vélo ». Rappelons ici que le surnom de « L’enfer du Nord » nous vient lui de l’état catastrophique de la Somme après la seconde guerre mondiale.
Mais, les routes pavées sont peu à peu couvertes par le bitume à tel point qu’il ne reste en 1965 que 22 kilomètres de pavés.
C’est le coureur Jean STABLINSKI, ancien mineur, qui aura l’idée d’ajouter au parcours la célèbre « Trouée de Wallers-Arenberg » (entre Wallers et Hasnon) dont il affirmera l’avoir parcourue autant « au-dessus qu’au-dessous ». Un véritable trajet de rodéo dont les chutes sont souvent graves.
Le secteur pavé de Cysoing à Gruson est de loin celui le plus scruté par les coureurs, leurs coachs, les journalistes, organisateurs et spectateurs. Pour cause, le premier coureur passant devant la « Chapelle aux Arbres », située le long de la célèbre voie romaine aussi appelée le « Chemin de Saint-PIAT », terminera sûrement vainqueur.
Bon nombre de spectateurs s’agglutinent à ce tronçon au point d’en avoir longtemps ouvert, uniquement lors de cette journée, le « Café-Brasserie au carrefour de l’arbre » vendant bière et omelette avant et après le sprint sur les terres de Camphin-en-Pèvèle.
Rappelons également que, dès 1906, à Emmerin, l’association ouvrière « le Pavage » s’est forgée une solide réputation en aménageant les voies urbaines de ces blocs pavés bien connus dans les Hauts-de-France. Ainsi, sur les 405 ménages emmerinnois, 181 étaient des paveurs ! Aujourd’hui, ce sont des bénévoles, passionnés par cette célèbre course, qui entretiennent les voies pour ne rien perdre de sa réputation diabolique.
Quant à Jean STABLINSKY, il est aussi connu dans le Nord que le pape. Né à Thun-Saint-Amand en 1932, ce mineur de fond d’origine polonaise, devenu ensuite coureur cycliste professionnel, aura raflé au total 106 victoires à son palmarès. Dont quatre titres de champion de France et un titre de champion du monde sur route. Une stèle lui est dédiée à l’entrée de la tranchée d’Arenberg.
Terminons notre billet par une touche féministe : Il faudra attendre 126 ans pour ouvrir la course aux filles. En effet, la première a eu lieu l’année dernière. La lauréate, Elizabeth (Lizzy) DEIGNAN, âgée de 33 ans, a d’ailleurs déjà prévenu qu’elle n’y participera pas cette année pour cause d’un heureux évènement.
Sophie CHICHE – Guide conférencière – Office de Tourisme de Seclin