Nous connaissons tous Bouvines pour avoir étudié sa célèbre bataille dans nos livres d’histoire. Elle marquera à jamais ce charmant village, dont Felix DEHAU (1846-1934), maire de la commune, en 1878, l’immortalisera par un sanctuaire lors de la reconstruction de l’église Saint-Pierre. Il demandera alors de couvrir les 21 baies de l’édifice par de somptueux vitraux relatant cette fameuse journée du dimanche 27 juillet 1214. Ces vitraux, créés par le Maître verrier lorrain Emmanuel CHAMPIGNEUL (1860-1942), ont, pour certains d’entre eux, été présentés à l’exposition universelle de 1889 à Paris, avant d’être définitivement fixés dans l’église. Bien-entendu, ils sont tous classés monument historique depuis 1981.
Mais, en cette veille de commémoration de la victoire du 8 mai 1945, intéressons-nous aux plaines de Bouvines qui ont également été marquées par un autre conflit, celui de la « Bataille de France » en 1940. Lorsque nous nous arrêtons à la Chapelle aux Arbres, haut lieu de rencontre des pèlerins du chemin de Saint-Piat, nous remarquons une vaste plaine qui s’étend de Bouvines au nord, de Gruson à l’est et de Cysoing à l’ouest. Cette plaine est couverte de bunkers abandonnés dans un paysage agricole.
En 1929, André MAGINOT (1877-1932), alors Ministre de la guerre, fait ériger, de Dunkerque à Nice, une ligne de fortification militaire qui sera baptisée la « Ligne MAGINOT » pour ne pas répéter l’erreur de l’invasion allemande subie lors de la grande guerre.
Sur le tracé de la ligne initiale, il n’était pas prévu d’y bâtir des fortifications le long de la frontière belge alors pays ami. Ceci jusqu’à l’annonce du roi des belges, Léopole III (1901-1983), du renouvellement du statut de neutralité de son pays. Alors, pour accentuer la protection, le président du Conseil des Ministres français entre 1938 et 1940, André DALADIER (1884-1970) ordonne une extension de la ligne Maginot le long de la frontière belge qui sera surnommée « La Maginette » ou « Ligne Daladier ».
C’est le corps expéditionnaire britannique qui se chargera de construire 350 bunkers dont certains seront surnommés « Pills Boxes » à cause de leur forme architecturale qui ressemble à des « boîtes à pilules ». Ces bunkers combleront les trouées de la Belgique entre Lille et Maulde le long de l’Escaut, passant sur 400m2 de notre plaine de Gruson-Cysoing-Bouvines.
Tous ces bunkers sont conçus pour y installer des pièces d’artillerie ou des mitrailleuses.
L’ensemble de ces bâtis a très peu servi de ce côté de la plaine lors de la Bataille de France. Alors que ceux de Maulde ont connu de rudes combats.
On peut dire que cette « ligne Daladier » aura plutôt servi aux civils. Car, lors de la crise du logement post seconde guerre mondiale, ce seront des indigents, des familles monoparentales, des veuves ou des rapatriés coloniaux qui y installeront leurs foyers contre un loyer modique aux armées.
Aujourd’hui, cette partie de bunkers est tombée dans l’oubli alors que la partie de Maulde est reconvertie pour le tourisme de guerre.
Sophie CHICHE - Guide Conférencière - Office de Tourisme de Seclin.
Merci à Philippe DIEST, enseignant chercheur, auteur du mémoire « Les bunkers de la plaine de Lille, un paysage à renouer » de son aide dans la rédaction de cet article.